Droit, les bras croisés, les yeux terribles dans sa face blême, précurseur des moines fanatiques qui devaient allumer les bûchers des guerres religieuses, l’abbé Jérôme considéra froidement le gros abbé bouleversé.
— Ce que nous aurions à voir là-dedans ? répondit-il d’une voix sifflante, mais rien bien certainement !
— Je ne vois pas.
— Vous ne voyez pas ! Vous ne savez pas la haine qui couve contre nous ?
— De la haine ! s’écria l’abbé Denis s’agitant sur sa chaise, mais pourquoi ? Nos couvents ne furent-ils pas lieux d’asile ? N’avons-nous point protégé les serfs contre les bandes pillardes ? Ils travaillent pour nous, ils ne peuvent avoir de la haine.
— Ils en ont, et vous y avez contribué.
— Moi ! s’exclama l’abbé Denis qui hésitait à se demander s’il fallait avoir peur, ou si l’abbé Jérôme ne perdait pas l’esprit.
— Vous et les autres, dit l’abbé Jérôme d’une voix sombre. Votre mollesse, votre gourmandise, votre paresse qu’ils ont loisir de contempler, comment vous les pardonneraient-ils ?
— Abbé Jérôme, ne croyez-vous pas que l’orgueil dicte vos paroles, pour vous permettre ainsi de juger vos pareils.
— Ils seront jugés un jour par un juge plus impitoyable. Et ce juge leur demandera compte