Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/145

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— Oui, le drapeau ! Le vent l’aura arraché !

C’était sa pensée constante maintenant. Il ne dormait plus. Comme le devoir même précisait sa vie, ce point unique, le drapeau, attirait, hypnotisait sa songerie. Il eût voulu que l’aurore vînt pour savoir. Le vent sifflait toujours, un peu calmé pourtant, comme un énergumène lassé de sa rage. Avant le jour, Deberle fut debout. Il n’y avait encore sur les cimes que des lueurs vagues, des nuées éperdues, balayées et fuyantes. Çà et là, difficilement entrevues, devinées plutôt, des taches noirâtres : quelques sapins déracinés.

L’officier regardait avec une fixité anxieuse le haut du pic de la Valetta. Il ne distinguait rien. Au lever du jour, il verrait peut-être. Le vent baissait, baissait.