Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/136

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teur par l’intervention du maréchal Bugeaud et du général Daumas, qui lui portaient une vive amitié. Mais le poste de Mostaganem était occupé ; on lui donna celui de Constantine. Adieu les habitudes chères, la solitude, les arbres rabougris ! Adieu surtout Haute-Pensée !

La profonde tristesse et l’entier découragement qui durent s’emparer du pauvre Pétrus se trahissent dans la pièce de vers suivante que M. René Ponsard a bien voulu me communiquer[1]. La forme me paraît plus soignée, moins exubérante, que celle des Rhapsodies ; l’amertume et le désespoir sont les mêmes, plus poignants peut-être, et plus sincères. Léthargie de la muse ! C’est bien le sort du poëte meurtri, attaché à sa muse demi-morte comme le vivant de Virgile au cadavre qui le glace.

  1. M. René Ponsard est et matelot poëte, l’auteur des Échos du bord, dont M. Laurent Pichat a écrit l’histoire. Sa vie est tout un roman. Il a longtemps été zéphyr en Algérie. C’est là qu’il a connu Pétrus Borel.