Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/113

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couplet dithyrambique. M. de Fierce, pour elle, est posé du coup en héros…

Et M. de Fierce, subitement, sans savoir pourquoi, rougit de honte.

Une heure et demie. Les invités prennent congé, de bonne heure, à cause de la sieste. On apporte les ombrelles. Mlle Sylva, d’un joli geste, tapote ses cheveux ébouriffés par le vent des pankas.

— « Un miroir ? » propose Fierce.

Il la précède jusqu’à sa chambre, toute proche. Il l’installe devant sa grande glace d’armoire drapée de velours gris. Mlle Sylva est très admirative.

— « Comme c’est coquet chez vous ! Que de soieries, que de mousselines ! Et tous ces petits livres habillés de peluche ! C’est pour jeunes filles ? on peut regarder ?

— On ne peut pas, dit Fierce en riant.

— Ah !… ce sera pour quand je serai mariée. — Votre chambre est un petit paradis. Pourtant…

— Pourtant ?

— Est-ce que ce n’est pas un peu triste, à la longue, ces tentures toutes grises ? »

Fierce sourit :

— « Vous n’aimez pas les choses tristes, mademoiselle ?

— Pas beaucoup… et surtout, je trouve qu’il y en a bien assez dans la vie, sans en fabriquer d’artificielles. Monsieur, si vous étiez sage, vous enverriez