Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/161

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— « Te souviens-tu, dit Torral, du chat qu’un soir j’ai jeté contre cette pierraille ? C’était le jour de l’arrivée de Fierce ; — imbécile de Fierce ! — nous étions ivres, et nous cherchions le quartier Boresse, quartier bien famé. Il y a de la philosophie dans cette histoire, — et de la médecine ; la médecine qui convient à ton cas. De l’alcool et du coït : tes vertiges passeront.

— Non, dit le médecin. J’en ai fait l’expérience : Quand l’envie d’une femme me tenaille, rien ne m’en distrait. J’ai trop obéi à ces envies-là ; j’en suis l’esclave ; cette fois encore, il faut que j’obéisse, ou… »

Ils étaient sur la chaussée sablée de rouge. Une victoria passa très près d’eux, ses roues crissant. Mévil resta surplace ; l’essieu frôla sa jambe.

— « Fais attention ! » avait crié l’ingénieur en sautant en arrière.

Mévil le regarda d’un air surpris, puis fit un geste insouciant.

— « Il n’y a pas de danger, » murmura-t-il.

Ils redescendirent la rue.

— « Voilà, résuma le médecin.

— Il n’y a rien de perdu, dit Torral. La Malais t’aime probablement ; fais-lui la cour. Utilise Fierce, l’imbécile ! puisqu’il va chez elle. Rencontre-la, n’importe où, guette-la, traque-la ; chasse à l’affût ! Et quant à l’autre, — que diable ! tu ne l’aimes pas : des éblouissements, ce n’est pas du rut.

— Si je ne couche pas avec Marthe Abel, affirma