Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/165

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son caï-hao de toile blanche, jeté dans un coin poux la sieste, quand Fierce impatienté frappa de nouveau.

Le boy alors sortit tout nu pour aller ouvrir, en rattachant seulement ses cheveux longs sous leur turban noir.

Fierce entra, jeta son casque et s’assit, silencieux.

— « Quoi ? demanda le fumeur.

— Rien. »

Il s’étendit à droite de la lampe. Torral fit une pipe et la lui offrit. Fierce refusa de la tête. Torral fuma seul, et ils somnolèrent ensuite. Les boys s’étaient rendormis.

Aux murs, la fumée noire recommença d’estomper les nattes de riz ; les équations du tableau d’ardoise luirent à travers des volutes presque opaques ; et le fumeur voulut y lire les versets d’argent d’un évangile irrévocable.

Quatre heures sonnant, Torral se leva. Son visage et ses mains étaient noircis par la suie de la drogue ; il les frotta d’eau de Cologne et tendit le flacon à Fierce.

— « Dix pipes, et deux heures de repos après la dixième. Il ne faut d’excès en rien. »

Il ôta son pyjama et se vêtit. Fierce avait allumé une cigarette. Torral s’assit à califourchon sur l’unique pliant.

— « Pourquoi es-tu venu siester ici ?

— On m’a chassé de chez moi.

— Qui ?