Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/200

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— Oui, » dit Sélysette ; elle rougit encore au souvenir de son mensonge de tantôt.

— « Eh bien, tâchez… je ne sais comment dire… tâchez qu’ils soient moins amis que cela…

— Mais comment voulez-vous ?…

— Tâchez, Sélysette. — Je vous aime plus que vous ne pensez, beaucoup plus… »

Les hibiscus avaient fleuri dans le jardin de la rue des Moïs, et tous les buissons étaient rouges.

Ce même jour, l’amiral d’Orvilliers rendait visite à Mme Sylva restée seule à la maison ; Sélysette, retenue par le gouverneur, n’était pas encore de retour.

Les deux fauteuils voisinaient sous les banians de la terrasse, et le tout petit boy à chignon de soie avait mis près de l’amiral un grand whiskey and soda plein de glace.

— « Il me manque, dit d’Orvilliers, d’entendre une jolie voix que j’aime me chanter mes vieilles chansons.

— Sélysette ne tardera pas, » dit l’aveugle.

Mme Sylva souriait, parce que le seul nom de sa fille lui donnait du bonheur.

Ils attendirent. L’amiral avait pris une des mains de sa vieille amie, l’avait baisée et la gardait amicalement.

— « Savez-vous, dit-il soudain, que je vous trouve