Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/203

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Les joues toutes roses, Mlle Sylva arrivait en coup de vent.

— « Maman, maman ! Il y a un an que je ne t’ai pas vue… »

Elle l’embrassa fougueusement.

« Ça n’en finissait plus, chez le gouverneur. Il y avait un tas de gens, — Marthe Abel… »

M. d’Orvilliers se levait.

— « J’ai vu l’enfant prodigue, je suis content ; et je m’en vais.

— Pas encore ! » pria Sélysette.

Elle alla dépouiller un buisson d’hibiscus et vint offrir au vieil ami deux poignées de fleurs rouges à longs pistils d’or.

« Pour votre beau salon flamboyant de sabres et de baïonnettes ; — et pour que vous pensiez plus souvent à nous, là-bas ! »

M. d’Orvilliers prit les fleurs et caressa les petites mains.

— « Merci. Vous permettez que j’en donne un peu à Fierce, pour le consoler de ne pas m’avoir accompagné aujourd’hui ?

— Hum ! Je ne sais pas trop si je permets, plaisanta Mlle Sylva. Où est-il, M. de Fierce ?

— Il fait la fête, » affirma gravement l’amiral.

Les sourcils blonds se froncèrent, — imperceptiblement.

« Une fête nautique, compléta M. d’Orvilliers en riant : Il a pris passage sur un des torpilleurs de la défense mobile, et il fait des exercices au large du cap