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XXVII

Or, la révolte du Grand Lac avait une tête. Un prince de sang impérial, lointain descendant d’une dynastie oubliée, s’était mystérieusement levé parmi son peuple. On ne savait pas son nom ni son histoire. Une vierge, disait-on, avait prophétisé sa venue ; et à l’heure dite, il avait paru ; et la vierge l’avait reconnu, désigné et proclamé parmi la foule. Il était marqué des stigmates de sa race ; les prêtres s’étaient prosternés devant lui, et le peuple avait couru aux armes. Maintenant, il combattait avec une armée et une cour ; sa prudence et son audace étaient redoutables, et ses partisans fanatisés le surnommaient Hong-Kop, le Tigre. Son nom impérial serait acclamé plus tard, après les victoires définitives, au milieu des triomphes et des agenouillements.

Mais, une nuit, le prince Hong-Kop fut trahi.

L’histoire en est restée obscure. L’âme asiatique ne se dévoile jamais qu’à demi. — Vengeance, ambition, jalousie ? Autres mobiles inconnus, incompréhen-