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XXX

Comme une bête blessée à mort qui veut agoniser dans sa tanière, Fierce n’arrêta sa fuite que dans sa chambre du Bayard. Et il s’assit sur le lit, ses coudes sur ses genoux, sa tête entre ses poings.

Il murmura : « C’est fini. » Les mots n’éveillaient d’ailleurs aucune pensée en lui. Le tumulte de sa tête avait été trop violent d’abord : il n’en restait plus qu’un vide total et terrible. Malgré quoi il souffrait effroyablement : son cœur était comme prisonnier d’une myriade de griffes pointues, qui le comprimaient, le crevaient ; et il sentait aux cuisses et au ventre la contraction atroce que seuls connaissent les alpinistes qui ont fait de grandes chûtes. — Quand il eut souffert ainsi plus qu’il n’avait de forces, sa tête glissa entre ses mains, et il s’endormit ou s’évanouit. — Mais dès qu’il se réveilla, il recommença de souffrir.

Il souffrit même davantage, parce que la pensée fonctionna de nouveau sous son crâne. Et l’idée que