Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/318

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en recherches vaines. Heureusement qu’aujourd’hui la lune s’en mêle. Allons, tout ira bien.

Un coup d’œil sur les torpilles. — Le 412 a deux tubes du plus gros calibre, 450 millimètres. — Plus que probablement, cela ne servira pas à grand’chose : les canons anglais y auront mis bon ordre bien avant que le 412 soit à portée de lancement. — Neuf cuirassés de ligne, quelques cent cinquante canons de trois pouces, sans parler des Maxim ! — Tiens, au fait, le King-Edward en est. Fierce se rappelle on ne peut mieux sa batterie Nordenfeldt, et le bal, et le souper… Baroque. — Non, les tubes lance-torpilles ne serviront pas à grand’chose. Ce serait drôle, tout de même, de torpiller le King-Edward, avant d’être coulé. — Les torpilles sont prêtes, chargées, amorcées, armées. Il n’y a qu’à tirer la ficelle, et le grand requin d’acier jeté à la mer se précipitera vers sa proie.

Tout est en ordre. Maintenant, ses yeux fouillant l’horizon nocturne, Fierce cherche, — cherche l’ennemi.

L’ennemi. — Dans les cerveaux les plus efféminés par l’hérédité des civilisations successives, le mot sonne, farouche encore, mystérieusement entouré d’échos barbares et violents. — L’ennemi. — Deux sons brusques et rudes, dans quoi sont enclos les fantômes vivaces de toutes les férocités humaines, — depuis la bataille fauve des deux mâles de la caverne, que la femelle contemple, orgueilleuse et peureuse, du haut de l’arbre où elle s’est juchée, jusqu’aux