Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/166

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par les échancrures de la montagne qui l’occulte dirige sur la terre quatre jets d’un feu si dense qu’ils semblent une émission de sa substance même. Avant qu’il ne les relève verticalement vers le ciel illimité, le Roi, debout sur la crête ultime, l’Œil de nos yeux, dans le miséricordieux éploiement de la Vision visible, à l’heure suprême avec majesté fait ostension de la distance et de la source. J’ai pour bienvenue cet adieu plus riche qu’une promesse  ! La montagne a revêtu sa robe d’hyacinte, le violet, hymen de l’or et de la nuit. Je suis saisi d’une allégresse basse et forte. J’élève vers Dieu le remerciement de n’être point mort, et mes entrailles se dilatent dans la constatation de mon sursis.

Je ne boirai point, cette fois encore, l’Eau amère.