Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/77

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travers du cirque ravagé des nuages. La plaine oscille, et, selon le propre mouvement de l’abîme où participe notre planche, la proue, solennellement comme si elle saluait, ou comme un coq qui mesure l’adversaire, se lève et plonge. Voici la nuit ; du Nord avec âpreté sort un souffle plein d’horreur. D’une part, une lune rouge en marche par la nue désordonnée la fend d’un tranchant lenticulaire ; de l’autre Fanal la lampe au visage convexe de verre ridé est hissée à notre misaine. Cependant tout est calme encore ; la gerbe d’eau jaillit toujours devant nous avec égalité, et, traversée d’un feu obscur, comme un corps fait de larmes, se roule en ruisselant sur notre taillemer.