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claudine à l’école

La rousse se retourne vivement et jette les yeux sur la pendule. Puis elle fronce les sourcils, contrariée et impatientée :

— Mademoiselle Aimée va rentrer à l’instant, vous savez bien que je l’ai envoyée à la nouvelle école ; repassez votre leçon en attendant, vous ne la saurez jamais trop bien.

Bon, ça ! On est capable de ne pas réciter aujourd’hui. Grande joie et bourdonnement d’activité, sitôt que nous savons qu’il n’y a rien à faire. Et la comédie « du repassage des leçons » commence : à chaque table, une élève prend son livre, sa voisine ferme le sien et doit réciter la leçon ou répondre aux questions que lui pose sa camarade. Sur douze élèves, il n’y a guère que ces jumelles de Jaubert qui repassent réellement. Les autres se posent des questions fantaisistes, ou causent simplement de leurs petites affaires, en conservant la figure de leçon et la bouche qui semble réciter tout bas. La grande Anaïs a ouvert son atlas, et elle m’interroge :

— Qu’est-ce qu’une écluse ?

Je réponds comme si je récitais :

— Zut ! tu ne vas pas m’ennuyer avec tes canaux ; regarde donc la tête de Mademoiselle, c’est plus drôle.

— Que pensez-vous de la conduite de mademoiselle Aimée Lanthenay ?

— Je pense qu’elle court le guilledou avec le délégué cantonal, constateur de fissures.