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claudine à l’école

ment apportée, et nous vérifions l’équilibre de nos coiffures. La foule nous a suivies, mais, trop serrée dans le chemin, elle a éventré les haies qui le bordent, et piétine les champs sans souci du regain. Les gars en délire portent des bottes de fleurs, des drapeaux, et aussi des bouteilles ! (Parfaitement, car je viens d’en voir un s’arrêter, renverser la tête et boire au goulot d’un litre.)

Les dames de la « Société » sont restées aux portes de la ville, assises qui sur l’herbe, qui sur des pliants, toutes sous des ombrelles. Elles attendront là, c’est plus distingué ; il ne sied pas de montrer trop d’empressement.

Là-bas flottent des drapeaux sur les toits rouges de la gare, vers où court la foule ; et son tumulte s’éloigne, Mlle Sergent toute noire et son Aimée toute blanche, déjà essoufflées de nous surveiller et de trotter à côté de nous, en avant, en arrière, s’asseyent sur le talus, les jupes relevées par crainte de se verdir. Nous attendons debout, sans envie de parler, — je repasse dans ma tête le petit compliment un peu zozo, œuvre d’Antonin Rabastens, que je réciterai tout à l’heure :

Monsieur le Ministre,

Les enfants des écoles de Montigny, parés des fleurs de leur terre natale…

(Si jamais on a vu ici des champs de camélias, qu’on le dise !)

… viennent à vous pleins de reconnaissance…