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claudine à l’école

le pied de… d’attendre une heure ici. En rangs, et plus vite que ça !

La belle avance ! Sur cette énorme estrade, nous piétinons longtemps, car le Ministre n’en finit pas de prendre son café et les accessoires. La foule moutonne en bas et nous regarde en riant, des faces suantes de gens qui ont beaucoup déjeuné. Ces dames ont apporté des pliants ; l’aubergiste de la rue du Cloître a posé des bancs qu’il loue deux sous la place, les gars et les filles s’y empilent et s’y poussent ; tous ces gens-là, gris, grossiers et rieurs, attendent patiemment en échangeant de fortes gaillardises, qu’ils s’envoient à distance avec des rires formidables. De temps en temps une petite fille blanche se fraie avec peine un passage jusqu’aux degrés de l’estrade, grimpe, se fait bousculer et reléguer aux derniers rangs par Mademoiselle, crispée de ces retards et qui ronge son frein sous sa voilette, — enragée davantage à cause de la petite Aimée qui joue de ses longs cils et de ses beaux yeux pour un groupe de calicots, venus de Villeneuve à bicyclette.

Un grand « Ah ! » soulève la foule vers les portes de la salle du banquet qui viennent de s’ouvrir devant le ministre plus rouge, plus transpirant encore que ce matin, suivi de son escorte d’habits noirs. On s’écarte sur son passage avec déjà plus de familiarité, des sourires de connaissance ; il resterait ici trois jours que le garde