Page:Claudine a l'Ecole.pdf/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! on sait que tu as toutes les veines aujourd’hui ! Moi je suis invitée pour la prochaine, par Féfed.

— Et moi, dit Marie qui rayonne, par Monmond ! Ah ! voilà Mademoiselle !

En effet ; voilà même Mesdemoiselles. Dans la petite porte du fond de la salle elles s’encadrent tour à tour : d’abord la petite Aimée qui a mis seulement un corsage de soirée tout blanc, tout vaporeux, d’où sortent des épaules délicates et potelées, des bras fins et ronds ; dans les cheveux près de l’oreille, des roses blanches et jaunes avivent encore les yeux dorés — qui n’avaient pas besoin d’elles pour briller !

Mlle Sergent, toujours en noir, mais pailleté, très peu décolletée sur une chair ambrée et solide, les cheveux mousseux faisant ombre ardente sur la figure disgraciée et laissant luire les yeux, n’est pas mal du tout. Derrière elle, serpente la file des pensionnaires, blanches, en robes montantes, quelconques ; Luce accourt vers moi me raconter qu’elle s’est décolletée, « en rentrant le haut de son corsage » malgré l’opposition de sa sœur. Elle a bien fait.

Presque en même temps, Dutertre entre par la grande porte, rouge, excité et parlant trop haut.

À cause des bruits qui circulent en ville, on surveille beaucoup, dans la salle, ces entrées simultanées du futur député et de sa protégée. Ça ne fait pas un pli : Dutertre va droit à Mlle Sergent, la sa-