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claudine à l’école

— Drôle de petite fille ! Si tu n’avais pas l’air si toqué, tu paraîtrais davantage, tu sais. Tu te présenteras pour le brevet au mois d’octobre prochain ?

— Oui, Monsieur, pour faire plaisir à papa.

— À ton père ? Qu’est-ce que ça peut lui fiche ! Mais toi, ça ne te remue pas beaucoup, donc ?

— Si ; ça m’amuse de voir tous ces gens qui nous interrogeront ; et puis s’il y a des concerts au chef-lieu à ce moment-là, ça se trouvera bien.

— Tu n’entreras pas à l’École normale ?

Je bondis :

— Non, par exemple !

— Pourquoi cet emballement, jeune fille exubérante ?

— Je ne veux pas y aller, pas plus que je n’ai voulu aller en pension, parce qu’on est enfermé

— Oh ! oh ! tu tiens tant à ta liberté ? Ton mari ne fera pas ce qu’il voudra, diable ! Montre-moi cette figure. Tu te portes bien ? Un peu d’anémie, peut-être ?

Ce bon docteur me tourne vers la fenêtre, de son bras passé autour de moi, et plonge ses regards de loup dans les miens, que je fais candides et sans mystère. Mes yeux sont toujours cernés, et il me demande si j’ai des palpitations et des essoufflements.

— Non, pas du tout.

Je baisse les paupières parce que je sens que je