et je pose ma tête sur son épaule ; elle passe son bras autour de moi ; je presse sa taille qui plie.
— Oh ! petite mademoiselle, il y a longtemps que je ne vous ai vue !
— Mais… il n’y a que trois jours…
— Ça ne fait rien… taisez-vous et embrassez-moi ! Vous êtes une méchante, et le temps vous semble court loin de moi… Ça vous ennuie donc bien, ces leçons ?
— Oh ! Claudine ! Au contraire, vous savez bien que je ne cause qu’avec vous, et que je ne me plais qu’ici.
Elle m’embrasse et je ronronne, et tout d’un coup je la serre si brusquement dans mes deux bras qu’elle en crie un peu.
— Claudine, il faut travailler.
Eh ! Que la grammaire anglaise soit au diable ! J’aime bien mieux me reposer la tête sur sa poitrine ; elle me caresse les cheveux et le cou, et j’entends sous mon oreille son cœur qui s’essouffle. Que je suis bien, avec elle ! Il faut pourtant prendre un porte-plume et faire semblant au moins de travailler !… Au fait, à quoi bon ? Qui pourrait entrer ? Papa ? Ah bien oui !
Dans la chambre la plus incommode du premier étage, celle où il gèle en hiver, où l’on rôtit en été, papa s’enferme farouchement, absorbé, aveugle et sourd aux bruits du monde, pour… Ah ! voilà… vous n’avez pas lu, parce qu’il ne sera jamais terminé, son grand travail sur la Malacolo-