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claudine à l’école

— Mais ce n’est pas bien long ; il n’y a pas eu grand’chose, en somme. C’est Mlle Sergent, oui, qui voudrait… enfin elle aime mieux… elle trouve que ces leçons d’anglais m’empêchent de corriger les cahiers, et que je suis forcée de me coucher trop tard…

— Allons, voyons, ne perdez donc pas de temps, et soyez franche : elle ne veut plus que vous veniez ?

J’en tremble d’angoisse, je serre mes mains entre mes genoux pour les faire tenir tranquilles. Aimée tourmente la couverture de la grammaire et la décolle, en levant sur moi ses yeux qui redeviennent effarés.

— Oui, c’est cela, mais elle ne l’a pas dit comme vous le dites, Claudine ; écoutez-moi un peu…

Je n’écoute rien du tout, je me sens fondue de chagrin ; je suis assise sur un petit tabouret par terre, et, sa taille mince entourée de mon bras, je la supplie :

— Ma chérie, ne vous en allez pas ; si vous saviez, j’aurais trop de chagrin ! Oh ! trouvez des prétextes, inventez quelque chose, revenez, ne me laissez pas ! Vous m’inondez de plaisir, rien qu’à être près de moi ! Ça ne vous fait donc pas de plaisir à vous ? Je suis donc comme une Anaïs ou une Marie Belhomme pour vous ? Ma chérie, revenez, revenez encore me donner des leçons d’anglais ! Je vous aime tant… je ne vous le disais