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claudine à l’école

pas, mais maintenant vous le voyez bien !… Revenez, je vous en prie. Elle ne peut pourtant pas vous battre, cette rousse de malheur !

La fièvre me brûle, et je m’énerve plus encore de sentir qu’Aimée ne vibre pas à l’unisson. Elle caresse ma tête qui repose sur ses genoux, et ne m’interrompt guère que par des tremblants « ma petite Claudine ! »… À la fin ses yeux se trempent et elle se met à pleurer en disant :

— Je vais tout vous raconter, c’est trop malheureux ; vous me faites trop de chagrin ! Voilà : samedi dernier, j’ai bien remarqué qu’elle me faisait plus de gentillesses que de coutume, et, moi, croyant qu’elle s’habituait à moi et qu’elle nous laisserait tranquilles toutes deux, j’étais contente et toute gaie. Et puis, vers la fin de la soirée, comme nous corrigions des cahiers sur la même table, tout d’un coup, en relevant la tête, je vois qu’elle pleurait, en me regardant avec des yeux si bizarres que j’en suis restée interdite ; elle a tout de suite quitté sa chaise et est allée se coucher. Le lendemain, après une journée remplie de prévenances pour moi, voilà que, le soir, seule avec elle, je me préparais à lui dire bonsoir, quand elle me demande : « Vous aimez donc bien Claudine ? Elle vous le rend sans doute ? » Et avant que j’aie eu le temps de répondre elle était tombée assise près de moi en sanglotant. Et puis elle m’a pris les mains, et m’a dit toutes sortes de choses dont j’étais ébahie…