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le combat.

leur furent tout d’abord opposés, que lorsque le général Ruchel tenta de rétablir le combat avec ses quelques 12 000 hommes, ceux-ci furent pareillement anéantis en un clin d’œil.

Le même jour la lutte s’engageait à Auerstædt entre 25 000 Prussiens et 28 000 Français, ces derniers commandés par Davout. À midi la bataille tournait en faveur des Français qui manquaient absolument de cavalerie, et bien qu’aucun désordre, aucune désunion ne se fussent produits dans les troupes prussiennes, bien que leurs pertes ne fussent pas sensiblement supérieures à celles de leurs adversaires, on négligea de porter en ligne les 18 000 hommes de troupes fraîches du général Kalkreuth, et de rétablir ainsi une bataille qu’il eût été presque impossible de ne pas gagner dans ces conditions.

Un combat est l’ensemble d’une série d’engagements partiels concomitants ou successifs, dont chacun concourt à la décision générale par le résultat individuel qu’il produit. Cette décision n’est pas nécessairement toujours une victoire dans le sens propre de l’acception que nous avons assignée à celle-ci au chapitre VI de ce livre. Il arrive fréquemment, en effet, que la situation ne comporte pas un résultat si complet, soit que l’adversaire renonce trop promptement au combat, soit que, ainsi que cela se présente le plus souvent alors même que la résistance a été opiniâtre, on ne puisse réaliser toutes les conditions qui constituent une véritable victoire.

Quel est donc l’instant précis où la décision s’accuse de façon à ne pouvoir plus désormais être changée, ou, en d’autres termes, l’instant à partir duquel l’arrivée en ligne de forces nouvelles est hors d’état de rétablir un combat désavantageux, alors bien que, si ces forces