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le combat.

comme le regain, comme la moisson complémentaire des victoires remportées par ce grand général dans ses campagnes précédentes.

Les généraux entreprenants et hardis ne recourent pas seuls aux grandes batailles, et de tous temps elles ont aussi été le mode d’action des généraux heureux.

De ce que la victoire ne peut être que le prix du sang, on peut logiquement conclure qu’il faut ou ne pas faire la guerre, ou ne la faire qu’avec la plus extrême énergie ; mais, par des raisons d’humanité, chercher peu à peu à en atténuer la violence, c’est s’exposer inévitablement à être écrasé par un adversaire moins sentimental.

Bien qu’une bataille générale entraîne une décision capitale, il ne s’en suit pas que cette décision mène nécessairement seule aux fins d’une campagne ou d’une guerre. Très exceptionnel dans les guerres antérieures, ce cas s’est cependant fréquemment réalisé dans les guerres de la Révolution et de l’Empire français.

Il va de soi que la portée de la décision produite par une grande bataille ne dépend pas seulement du nombre de troupes qui y ont combattu de part et d’autre, c’est-à-dire de la force intrinsèque de la victoire, mais bien encore de la masse des autres rapports existants entre les États belligérants comme puissances militaires et politiques. Par le fait cependant que l’on porte au combat la totalité des forces armées disponibles, on provoque une action capitale dont la puissance se peut en partie calculer d’avance, et qui alors même que sans être l’unique elle ne serait seulement que la première des actions résolutives, n’en exercerait pas moins déjà par cela seul une influence déterminante sur toutes les actions résolutives suivantes.

Telles sont les raisons qui font de la bataille générale le plus puissant moyen préparatoire de solution, et