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chap. xii. — moyens d’utiliser la victoire.

On voit ainsi que ce n’est nullement en raison des rapports dans lesquels il se trouvait, qu’à Borodino Bonaparte n’a pas grandi la victoire par la poursuite du vaincu, et que cette bataille, comme celle de Bautzen d’ailleurs, doit être comptée au nombre de celles qui n’ont pas été parachevées, avec cette différence entre les deux toutefois, qu’alors que dans la première le vainqueur se contenta d’une demi-victoire, parce que complète celle-ci lui eût coûté trop cher, dans la seconde le vaincu, grâce à la supériorité de sa cavalerie, parvint sans être mis en déroute à s’éloigner du champ de bataille.

Si nous retournons à notre sujet, il résulte des considérations que nous venons de présenter que c’est l’énergie de la première poursuite qui détermine principalement la valeur de la victoire, que cette première poursuite constitue le second et très fréquemment le plus important des actes de la victoire, et que par suite la stratégie est fondée à en exiger l’exécution de la part de la tactique.

On ne saurait cependant habituellement se contenter de l’augmentation de résultat que donne ce premier élan, car ce n’est que dans la continuation de la poursuite que la carrière ouverte par la victoire atteint son complet développement. Or nous l’avons déjà dit, la généralité des rapports dans lesquels se meut le vainqueur entrent ici en considération, et nous ne pourrons que plus tard apprendre à les connaître, mais rien ne s’oppose néanmoins à ce que dès à présent nous indiquions quels sont les traits généraux de la prolongation de la poursuite.

On dispose ici, de nouveau, de trois procédés différents :

1o  En se bornant à suivre le vaincu pas à pas, on le contraint déjà à prolonger son mouvement de retraite