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CHAPITRE XIV.

le combat de nuit.


La stratégie n’a à considérer le combat de nuit que dans ses résultats ; les détails en ressortissent à la tactique qui en a la direction et en règle le cours.

L’attaque de nuit constitue un moyen de surprise dont, au premier coup d’œil, on est porté à s’exagérer l’efficacité. C’est ce qui fait que bien qu’on n’y ait que rarement recours dans l’application, on en rencontre fréquemment la pensée dans l’esprit de ceux qui n’ont pas la responsabilité de la direction. Sous la supposition, en effet, que prises d’avance les dispositions du défenseur ne sauraient échapper aux investigations et aux reconnaissances de l’attaquant, tandis qu’au contraire celui-ci ne prend les siennes qu’en secret et alors seulement qu’il les veut mettre à exécution, l’imagination se représente une extrême confusion du côté du premier, et une direction assurée avec grande vraisemblance de réussite du côté du second.

Les choses cependant ne se passent que rarement de cette manière. Tout d’abord, et à moins que comme à Hochkirch les Autrichiens par rapport à Frédéric II, on ne se trouve à une proximité telle de l’ennemi qu’on l’ait pour ainsi dire sous les yeux, on n’obtient du service de l’espionnage, des rapports des patrouilles et

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