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les forces armées.

fit cantonner chaque soir. Le service des vivres se serait en effet aussi bien effectué dans les bivouacs, et l’armée n’eût pas été soumise à des efforts excessifs, pour ne parcourir en somme que 50 milles (370 kilomètres) en quatorze jours.

Toutes ces appréciations sur la longueur et la durée des marches sont soumises, d’ailleurs, à de telles variations dès qu’il se rencontre des terrains montagneux ou de mauvais chemins, que loin de pouvoir donner ici des règles générales, il est vraiment impossible de fixer quelque chose de positif. Le rôle de la théorie est donc très limité à cet égard. Elle doit se borner à prémunir contre l’extrême danger des méprises, danger auquel on ne peut échapper qu’en apportant la plus grande prudence dans le calcul des marches, et en y laissant une très forte part aux éventualités de retard qui se peuvent sans cesse produire. Il faut, en outre, ne pas négliger de tenir compte des circonstances atmosphériques et des conditions morales et physiques dans lesquelles se trouvent les troupes.

Depuis que l’on a renoncé à faire camper les troupes sous la tente et adopté le système d’assurer le service des vivres par des réquisitions forcées sur les habitants des contrées que l’on occupe, les équipages des armées ont sensiblement diminué. On pourrait donc croire que ces deux grandes mesures générales ont eu pour premier résultat d’augmenter la rapidité des mouvements, et par conséquent la moyenne journalière des marches. Ce serait cependant faire erreur. Loin d’être général, ce résultat ne se présente que dans certaines circonstances. Sur le théâtre même de la guerre la rapidité des marches n’a que peu gagné à la diminution des gros bagages. On sait qu’autrefois, en effet, lorsque le but à atteindre exigeait que l’on augmentât la mesure habituelle des marches, on laissait en arrière ou