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les forces armées.

autorités locales les plus considérables. Celles-ci sont naturellement portées à répartir les charges de la façon la plus équitable, et à en amoindrir le poids pour les habitants au moyen d’achats supportés par les caisses publiques. L’occupant, de son côté et précisément afin de pouvoir s’entretenir le plus longtemps possible sur les ressources mêmes de la contrée, a tout intérêt à ne réquisitionner qu’avec ménagement et à éviter tout gaspillage. C’est ainsi que le système d’approvisionnement par livraisons régulières tend peu à peu et de plus en plus à se rapprocher de celui de l’approvisionnement par magasins de dépôt, sans jamais toutefois cesser complètement d’exister et sans modifier sensiblement l’influence qu’il possède en principe sur les mouvements de l’armée. Il est certain, en effet, qu’il se produit deux résultats essentiellement différents selon que l’on opère en exigeant que la contrée que l’on occupe reste constamment le véritable organe du service de l’alimentation des troupes et renouvelle sans cesse ses ressources au moyen d’approvisionnements tirés par ses soins et à ses frais de points souvent fort éloignés, ou que l’armée agissant comme cela avait lieu dans les guerres du XVIIIe siècle, se ravitaille elle-même et n’intéresse qu’exceptionnellement le pays à son entretien.

La supériorité du mode de l’approvisionnement par réquisitions sur place provient surtout de ce qu’il laisse l’exécution des transports de vivres et la manutention des farines aux soins et à la charge des contrées occupées, et allège les armées d’un train de charroi dont la lourdeur et l’énormité enrayaient et contrariaient jadis les propres mouvements.

Sans doute les armées modernes ne sauraient encore se passer de tout train d’équipages pour le service de leurs subsistances, mais du moins ces équipages sont