Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
la défensive.

de l’un des degrés défensifs à celui qui lui est supérieur, la défense n’a pas pour but d’affaiblir mais bien de réserver l’action de la résistance pour un moment plus opportun. On comprend, en effet, que cette action ne peut que gagner à se produire sur une position choisie d’avance et judicieusement retranchée, et que le contre-coup aura d’autant plus de puissance que l’attaque se sera déjà en partie épuisée contre une semblable position. Si Daun n’eût pas occupé une très forte position à Collin, il est probable qu’il n’eût pas remporté la victoire, et s’il eût déployé plus de vigueur dans la poursuite des 18 000 hommes que le grand Frédéric parvint à ramener du champ de bataille, cette victoire fût devenue l’une des plus brillantes qu’aient jamais enregistrées les annales militaires.

Cependant cette augmentation progressive de la prépondérance ou, pour parler plus exactement, du contrepoids de l’action de la défense qui résulte du passage d’un procédé défensif à celui qui lui est supérieur est loin d’être gratuite, et le défenseur ne l’achète qu’au prix de sacrifices qui grandissent dans la même proportion.

Dans le premier procédé défensif, en effet, quelque rapproché que soit de la frontière l’endroit où l’engagement se produit, c’est encore sur le territoire national et par conséquent au détriment de celui-ci, tandis qu’en débutant par la forme attaquante on eût porté la guerre sur le sol étranger.

Dans le second procédé le sacrifice augmente déjà quelque peu, car le préjudice causé au territoire national croît en raison de l’espace occupé par l’ennemi et du temps qui est nécessaire à celui-ci pour se porter sur la position choisie par la défense.

Dans le troisième procédé le défenseur se décide à ne livrer qu’une bataille défensive dont il laisse par consé-