Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
chap. viii. — procédés de résistance.

saires ou de rendre ses alliés trop puissants ? Cependant, pour que ces raisons restent longtemps secrètes ou le demeurent toujours, il faut nécessairement en trouver d’imaginaires dont l’habile présentation puisse donner le change à l’opinion publique. C’est ainsi que le général en chef est souvent obligé, soit pour son propre compte, soit pour celui de son gouvernement, de livrer parfois des combats, véritables levers de rideau, qui n’ont d’autre but que d’amuser la galerie et de l’empêcher de voir comment les choses se passent dans les coulisses. Cette fausse dialectique a pour conséquence d’égarer la théorie qui, croyant à la sincérité de ces combats et leur attribuant par conséquent la cause des résultats obtenus, crée des systèmes nécessairement aussi faux que la base sur laquelle ils reposent. Or la théorie ne peut rester dans la vérité qu’en agissant comme nous le faisons nous-même ici, c’est-à-dire en étudiant la connexion intime dans laquelle les événements se tiennent, et en les suivant pas à pas dans leur développement successif. Ce n’est, en effet, qu’en apportant cette grande circonspection dans l’étude de l’histoire, que l’on en arrive à dégager l’attaque et la défense de tout l’appareil phraséologique dont on s’est plu à les entourer. La question se présente alors enfin sous son véritable aspect, et telle, croyons-nous, que nous l’avons exposée dans les pages précédentes.

Il ne nous reste plus maintenant qu’à rechercher quelles sont les causes qui, dans l’application, déterminent l’emploi de l’un plutôt que de l’autre des procédés défensifs.

Ces procédés constituent dans leur ensemble quatre degrés progressifs de puissance et correspondent chacun à un accroissement proportionnel de sacrifices. Cela seul paraîtrait tout d’abord devoir fixer le choix du défenseur qui, adoptant alors le procédé défensif qui lui