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chap. viii. — procédés de résistance.

guerres prouve qu’il en a été ainsi de tout temps, non que l’on soit passé pour cela par toute la série d’idées que nous venons de développer, mais par la force seule des choses et d’instinct, ainsi d’ailleurs que la plupart des résolutions se prennent à la guerre. C’est le même général et la même armée, par exemple, qui, sur le même terrain, ont dans une circonstance combattu offensivement à Hohenfriedberg, et dans l’autre occupé le camp retranché de Bunzelwitz. Ainsi Frédéric le Grand qui, au point de vue du combat proprement dit, peut certainement passer pour celui de tous les généraux qui a le plus affectionné la forme offensive, s’est vu, par suite de la grande disproportion de ses forces, réduit à adopter enfin lui-même la défensive. Et Bonaparte qui comme Frédéric ne procédait jamais que par l’attaque, ne le voyons-nous pas en août et septembre 1813, lorsque le rapport des forces commence à tourner contre lui, inquiet et hésitant et comme enfermé déjà dans un cercle infranchissable, se porter tantôt d’un côté et tantôt d’un autre, au lieu de se précipiter comme jadis tête baissée sur l’un de ses adversaires ? Puis enfin le mois suivant, quand sa faiblesse numérique atteint ses dernières limites, semblable à un lutteur qui se place dans un angle pour faire face à de trop nombreux adversaires, ne le voyons-nous pas prendre position à Leipzig, entre la Parthe, l’Elster et la Pleisse ?

Nous ne saurions terminer ce chapitre sans faire remarquer que plus encore peut-être que tous ceux qui le précèdent, il fait ressortir que nous n’avons nullement la prétention de tracer ici une méthode nouvelle de guerre, mais que nous cherchons à réunir en un seul faisceau tous les principes déjà connus de l’art militaire, pour ramener ensuite chacun d’eux à sa simplicité élémentaire.