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le plan de guerre.

guerre, elle n’y apporta qu’un intérêt médiocre. En outre, rien ne sollicitait son action en Alsace, tandis que, dans les Pays-Bas, ses troupes se fussent trouvées en communication directe avec la Hollande qu’elles connaissaient comme leur propre territoire parce qu’elles s’en étaient emparées en 1787, et elles eussent ainsi, du même coup, couvert le Rhin inférieur et la partie de la monarchie prussienne la plus rapprochée du théâtre de guerre. Enfin, ces conditions eussent non seulement facilité les nombreux envois de subsides que l’Angleterre faisait à la Prusse, mais elles eussent peut-être empêché le cabinet de Berlin de commettre la perfidie dont il se rendit alors coupable à ce propos.

On eût donc eu à attendre des résultats tout différents de l’action militaire si l’on eût porté la totalité de l’armée prussienne dans les Pays-Bas, où l’armée autrichienne n’eut dû laisser qu’un corps du faible effectif pour se diriger elle-même sur le Rhin supérieur.

Si le général Barclay eût été mis à la tête de l’armée de Silésie à la place de l’entreprenant Blücher, et si ce dernier eût été maintenu à l’armée principale sous Schwarzenberg, la campagne de 1814 eût peut-être complètement échoué. Si, au lieu d’avoir son théâtre de guerre en Silésie, c’est-à-dire sur le point le plus fort de la monarchie prussienne, le hardi Laudon eût commandé le gros de l’armée impériale, la guerre de Sept ans eut sans doute pris une autre tournure.


Ce côté de la question demande à être examiné dans les trois cas principaux suivants :

1o Lorsque, bien que faisant la guerre de concert, les puissances coalisées y poursuivent chacune un intérêt particulier.

2o Lorsque l’intérêt de l’une d’entre elles étant seul en jeu, les autres ne font que la soutenir.