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chap. ix. — renversement de l’ennemi.

que l’instinct et le cœur portent sans cesse à aller de l’avant.

Enfin nous ferons remarquer que, lorsque les circonstances s’y prêtent, il faut tenir compte et tirer parti des affinités qui se présentent entre la nature du terrain et le caractère et les aptitudes des troupes et de leurs chefs. Les généraux expérimentés et prudents, les armées régulières, les bonnes troupes et une cavalerie nombreuse conviennent particulièrement aux pays plats et aux contrées découvertes ; les chefs entreprenants, les milices nationales, les populations armées et les bandes peu disciplinées trouvent leur emploi dans les forêts, les montagnes et les défilés ; quant aux troupes de secours, on leur assigne généralement de riches provinces où elles se plaisent.

Dans tout ce que nous avons dit jusqu’ici du plan de guerre en général, et particulièrement dans tous les détails où nous sommes entré dans le présent chapitre, quand le but tend au renversement de l’adversaire, nous nous sommes efforcé d’établir que tel est, par excellence, le but auquel la guerre pouvait conduire. Dégageant le sujet des sophismes, des inventions fantaisistes et des préjugés qu’on y a introduits, et n’en exposant que les parties générales et nécessaires, nous avons cherché à faire comprendre au lecteur ce que la guerre devait être pour mener à ce grand résultat, le jeu qu’il y fallait laisser aux éventualités et aux hasards, les moyens qu’il y fallait employer et les voies qu’il y fallait suivre. Si nous avons réussi, nous considérons notre tâche comme terminée.

Si cependant il arrivait que quelques-uns de nos lecteurs s’étonnassent de ce que, dans cette étude du plan de guerre, nous n’ayons pas dit un mot de clefs de pays, de fleuves à tourner, de montagnes ou de points dominants à occuper et de positions fortes à éviter, il en