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Page:Cleland - La Fille de joie (éd. 1786).djvu/222

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Mon gentil Ecuyer vint m’en avertir & me conduiſit vers le lieu de la ſcene.

Henriette fut donc menée ſur la couche vacante. Rougiſſant lorſqu’elle me vit, elle ſembloit vouloir ſe juſtifier de l’action qu’elle alloit commettre & qu’elle ne pouvoit éviter.

Son amant (car il l’étoit véritablement) la mit ſur le pied du lit, & paſſant ſes bras autour de ſon cou, préluda par lui donner des baiſers ſavoureuſement appliqués ſur ſes belles levres ; juſqu’à ce qu’il la fit tomber doucement ſur un couſſin diſpoſé pour la recevoir, & ſe coucha ſur elle. Mais, comme s’il avoit ſu notre idée, il ôta ſon mouchoir & nous fit voir les deux plus beaux globes du monde, qu’il mania délicatement, avec cette dévotion amoureuſe qu’obſervent les vrais amans.

Après s’être délecté quelques momens dans ces doux ébats, il leva peu à peu