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lisme, le tout avec une conviction ardente qu’on ne pouvait qu’aimer à la folie, même si on ne la partageait pas. » (Paul Verlaine, Les Hommes d’aujourdhui, 8e volume, n° 385).

Il y eut jusqu’à trente-sept collaborateurs au Parnasse contemporain. Mais le succès étant surtout idéal, Ricard et Lemerre durent terminer à peu près seuls la publication ; le dix-huitième et dernier numéro parut fin juin de la même année.

En 1867, les parnassiens furent défendus par les six numéros de la Gazette rimée, publiée par Robert Luzarche, contre les Médaillonnets de Barbey d’Aurevilly et le Panassiculet d’Alphonse Daudet et Paul Arène.

Par la suite, Lemerre donna deux nouvelles séries, plus éclectiques, du Parnasse contemporain, l’une préparée en 1869 et ajournée à 1871, l’autre datant de 1876. Et comme l’Art s’était transformé en Parnasse, le Parnasse se clôtura par une Anthologie.

On voit qu’après Leconte de Lisle et Théodore de Banville, fondateurs poétiques du Parnasse, Louis-Xavier de Picard en est le principal fondateur et comme poète et surtout comme homme d’action.



Pendant les dernières années du second empire, Ricard fit partie des groupes d’opposition républicaine et socialiste. Il y affirma ses opinions fédéralistes. Collaborateur au Rappel, à la Cloche, à la Démocratie, au Dictionnaire Larousse, il publia, lors de la déclaration de guerre, le Patriote français, contre l’empire et la guerre. Sur le point d’être arrêté, il gagna la Suisse, alla rejoindre à Vevey, Edgar Qulnet, avec lequel il était en correspondance assidue depuis plusieurs années ; quelques-unes des lettres qu’il lui écrivit sont publiées dans sa correspondance.

Ricard revint à Paris après le 4 septembre. Il fit partie du 69e bataillon de garde nationale, commandé par Blanqui, puis s’engagea dans le 14e bataillon des mobiles de la Seine, où il resta tout le temps du siège,

À la Commune, il se mêla au mouvement, dans le groupe de la minorité fédéraliste, avec son ami Charles Longuet. Il écrivit, avec sa signature, des articles dans le Journal Officiel de la Commune, et fut, avec son ami Maillé, sous-délégué au Muséum du Jardin des Plantes. Après la semaine sanglante, il put s’enfuir, à grand’peine et par miracle. Il regagna Vevey, y resta un an, donnant des leçons à de jeunes anglais ; Edgar Quinet le fit rentrer en 1872. L’année suivante, il épousa Lydie Wilson qu’il avait connue tout enfant, et se « rapatria » avec elle dans le midi, à Montpellier. Là, commença pour lui une nouvelle période, extrêmement active.

J’en dégage d’abord le Fédéralisme, publié en 1877 chez Fischbacher, « en remembranço de moun paire, nascut a seto en Lengodoc. » Une préface déclare que l’auteur se propose de donner la position historique, la définition historique de l’idée fédérative. « Il y a certes plus d’une manière, dit-il, de défendre le fédéralisme contre les indifférents qui ne le connaissent point,