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mence avec : En attendant l’Impératrice (Librairie universelle, 1904), dédié à M. Arthur Christian, directeur de l’imprimerie nationale ; dans ce roman, le voile est largement levé sur le libertinage mondain d’alors.

D’un Monde à l’Autre constitue une autre série, celle-ci toute sociale, dans laquelle il raconte les luttes d’une révoltée qui veut, coûte que coûte, conformer sa vie à ses idées ; les plans des romans sont établis. Deux volumes ont paru : les Conditions de Claire (Chamuel, 1897), Idylle d’une Révoltée (Librairie universelle, 1905).

Je ne puis malheureusement, dans cet article limité, faire valoir l’agrément, la variété, et aussi l’enseignement humain et social, de ces nombreux travaux ; j’ai dû exposer seulement ceux qui livrent la pensée poétique et la pensée fédéraliste, c’est-à-dire la nature intime de l’auteur ; les aspects multiples, colorés et neufs, des autres ouvrages, qui donneraient le portrait total, prendront place dans une étude plus développée.

Sous le titre : le Martyre d’un Peuple, Ricard projetait aussi une série d’œuvres sur l’histoire du Languedoc, saisie à ses grandes époques déci­sives. C’est à cette série qu’il tient le plus ; mais l’éditeur ne s’est pas encore offert. Les plans sont établis, faits avec un scénario complet, sur documents réunis et études historiques poussées avec toute la conscience désirable. Du premier livre ; Maguelone détruite, geste dramatique, deux fragments ont paru : le premier tableau (à la Nouvelle Revue), qui est l’exposition de l’œuvre, et le troisième (dans l’Humanité Nouvelle), dialogue où il en élablit la signification et la portée philosophique. L’auteur n’a pas eu d’ambition scénique ; et cependant c’est une sorte de théâtre âpre et vibrant, profon­dément dramatique, peuplé de fureurs barbares, d’une allure à la fois pri­mitive comme aux Chroniques romanes et savante par tout l’art de nos temps, que le dramaturge libertaire, mieux peut-être qu’en ses autres écrits, révèle en ordonnant l’exposé de ces conflits et de ces mélanges de races au VIIIe siècle, sous l’invasion arabe,

Un roman : Amanien de Balarne, dont le héros est un troubadour patriote au temps de la croisade contre les Albigeois (13e siècle), devait raconter, sous une fiction dont tous les éléments sont rigoureusement donnés par l’histoire et les traditions, la lutte héroïque et désespérée du Languedoc contre l’extermination et l’inquisition catholiques et royales.

En deux autres romans : Bernard Delicroi et Albine, il voulait évoquer le Languedoc et sa dernière couvulsion contre la domination du Nord, puis son réveil à l’époque de la Réforme. Enfin, un dernier roman : Caprices de grande dame, montrait la province soumise, dénaturée et pervertie au temps de Louis XV.

La Mort de Rollant, poème paru dans la Revue Nouvelle et extrait d’un drame : Hugues Capet, dont il n’a publié que quelques fragments, se rattache par le sujet à cette série. C’est la légende de Rollant interprétée dans un sentiment méridional.

Un autre livre, plus moderne, est à paraître : En plein midi, Contes et