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III

CHEZ LES MAURES

Le soleil venait de se lever, d’un seul coup, surgissant de derrière les dunes rougeâtres et, comme à un signal, toute la tribu maure s’éveillait.

Ce camp s’étendait presque à l’infini. Au centre, s’élevait la grande tente du chef, entourée de tentes plus petites où logeaient ceux qui constituaient sa maison militaire. Plus loin, on voyait celles des forgerons, toujours occupés à fabriquer des mors, des étriers, des bijoux tandis que leurs femmes travaillent le cuir. Puis celles des griots, mi sorciers, mi poètes et chanteurs qui suivent les chefs pour célébrer leurs exploits, un peu comme nos anciens troubadours. Enfin, à la limite du camp, s’installent comme ils peuvent les Zénagas ou esclaves à qui sont réservés les plus rudes travaux. Ce matin-là, les Zénagas, sous la conduite d’un Captif — la caste au-dessus des simples esclaves — qui, le fouet à la main, se tenait prêt à punir la moindre négligence ou la moindre marque d’indiscipline, s’éloignait du camp. À demi nus ou couverts de quelques lambeaux d’étoffe, ils donnaient l’impression de pauvres êtres à qui la joie de vivre est interdite. À quelque distance de là, à travers des roches, l’eau suintante avait révélé la présence d’une nappe souterraine. Les Zénagas, depuis plusieurs jours, creusaient le sable pour la découvrir, sans répit sous le dur soleil. Chaque aube les ramenait vers leur supplice dont, déjà, trois étaient morts, depuis que la tribu du chef Ahmer Saloun s’était arrêtée dans ce coin du désert.

Armés de pics et de pioches, ils commençaient à creuser de nouveau, insoucieux de la sueur qui les inondait. Parfois, l’un d’eux, levant la tête, lançait un chant