Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/6

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midi. Visibilité mauvaise. Brouillard sur le Sahara. On craint tempête de sable.

— Mais après ? Après ? Depuis midi ? Il devrait être ici… Après ?

Le radio haussa les épaules. La T. S. F. n’est pas le téléphone. On ne peut pas poser de questions. Il faut se contenter de ce qu’on vous envoie.

— Appelle Agadir ! hurla Saint-Flavien. Il faut savoir si le courrier est arrivé à Agadir !

De nouveau, ce fut l’attente. Des lampes s’allumaient, s’éteignaient comme des signaux de détresse. Enfin, brusquement, on vit les traits du radio s’éclairer :

— Agadir ? interrogea Saint-Flavien.

L’autre inclina la tête. Il écrivit sur le bloc à côté de lui :

— D’Agadir pour Juby, Saint-Louis, Dakar : Courrier arrivé Agadir. Brume intense. Plafond bas. Tempête dans le Sahara. Courrier couchera à Agadir.

Saint-Flavien respira bruyamment. Il n’était rien arrivé. Le courrier avait du retard, c’était tout. Comme il se tournait vers ses compagnons qui éprouvaient Je même soulagement, un des mécanos qui se trouvait près de la porte dit :

— La brume commence à gagner par ici. Ça vient de la mer…

— On s’en f… ! répondit joyeusement le chef de l’aéroplace, demain, il fera jour.

Mais comme il se retournait vers le radio, il vit celui-ci faire avec énergie « non », de la tête. Il se mit à rire :

— Tu deviens idiot ? Le soleil ne se lèvera peut-être pas demain, hein ?

Le radio fit un signe de la main que personne ne comprit. Il écoutait de nouveau et sa physionomie énergique et fatiguée exprimait encore l’inquiétude. Puis il dut cesser d’entendre. Alors, il écrivit très vite et Saint-Flavien, penché, lut :

— Avion Morez 56 passé à Agadir à treize heures. A voulu continuer sa route. Agadir demande qu’on signale son passage.