Page:Cogordan - Joseph de Maistre, 1894.djvu/17

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pilation du droit politique, civil, administratif et pénal de la Savoie, qui parut en 1770, il fut récompensé de son intelligente coopération à cette grande œuvre par le litre de comte et par la charge fort considérée de second président du Sénat. Mais une vie de travail et d’honneur ne suffit pas à fixer l’attention de la postérité, et le vieux président comte Maistre serait depuis longtemps oublié sans doute, si deux de ses fils, Joseph et Xavier, n’avaient illustré son nom. De son mariage avec Mlle Demotz, appartenant à une famille distinguée de la Savoie, il eut dix enfants, dont cinq fils. Joseph, l’aîné de ceux-ci, naquit, le 1er avril 1753, dans un vieil hôtel de la place de Lans à Chambéry.

« Ce qu’on appelle l’homme, c’est-à-dire l’homme moral, a dit l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg, est peut-être formé à dix ans. S’il ne l’a pas été sur les genoux de sa mère, ce sera toujours un grand malheur. Rien ne peut remplacer cette éducation. Si la mère surtout s’est fait un devoir d’imprimer profondément sur le front de son fils le caractère divin, on peut être à peu près sûr que la main du vice ne l’effacera jamais. » Assurément Maistre pensait à lui-même en écrivant ces lignes. Sa mère en effet fut sa véritable éducatrice. C’est à cette femme austère, d’une piété profonde, qu’il dut les premières leçons qui ne s’oublient pas. Son enfance s’écoula près d’elle, puis il fut confié aux Jésuites, grands amis de sa famille, qui prirent de bonne heure sur lui l’influence qu’ils ont toujours gardée. Sa jeunesse