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DU CAPITAINE COIGNET.

mit pied à terre, il fut enchanté de voir un si joli bataillon ; il fit venir les officiers autour de lui, et leur donna l’ordre de partir le lendemain pour Courbevoie. Il remonte dans sa voiture, et nous de crier « Vive Bonaparte ! », et de rentrer dans nos casernes faire nos sacs, faire lever les blanchisseuses, et payer partout.

Nous venons coucher à Corbeil ; nous y fûmes reçus en enfants du pays par tous les habitants, et le lendemain nous partîmes pour Courbevoie où nous trouvâmes une caserne dépourvue de tout le nécessaire ; même pas de paille pour nous coucher ! Nous fûmes obligés d’aller chercher les paisseaux dans les vignes pour nous chauffer et faire bouillir nos marmites.

Nous ne restâmes que trois jours et nous reçûmes l’ordre de partir pour l’École militaire, où l’on nous mit dans des chambres qui ne contenaient que des paillasses, et au moins cent hommes dans chaque chambre. Puis, on nous fit la distribution de trois paquets de cartouches (de quinze par paquet) ; et trois jours après, l’on nous fit partir pour Saint-Cloud où nous vîmes des canons partout, des cavaliers enveloppés dans leurs manteaux.

On nous dit que c’étaient des gros talons[1], que c’était la foudre quand ils chaînaient sur l’en-

  1. Des cuirassiers, ainsi appelés à cause de leurs bottes fortes. On les appela esuite gilets de fer, à cause de leurs cuirasses.