Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/348

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accouraient demander leur pardon de leur échauffourée à mon égard. « Je n’ai point de plainte à faire de vos soldats, disais-je, c’est le zèle qui les a emportés. »

Arrivé près du colonel des Espagnols, qui était Français, je lui demande mon reçu : « Mais, me dit-il, il en manque la moitié. — Ils sont morts, colonel. Voyez le maréchal. — Comment, morts ? — La moitié a été fusillée. — Eh bien ! je vais faire fusiller les autres. — Ils ont leur pardon, vous n’en avez pas le droit ; ils ont subi leur peine ; c’est à l’Empereur à décider. — Combien de morts ? — Soixante-deux, dont deux sergents et trois caporaux. — Donnez-moi des détails. — Je ne le puis, le maréchal attend. Mon reçu, s’il vous plaît ; je pars de suite. »

L’aide de camp le prend à l’écart, et après quelques mots nous partons. Le lendemain, à 8 heures, j’étais près du maréchal : « Voilà vos dépêches, partez ! »

À midi, j’étais arrivé à Witepsk, près du comte Monthyon, je lui remis mes dépêches et mes reçus ; il savait tout ce qui s’était passé et l’Empereur en était instruit. Le maréchal avait mis deux mots pour moi qui flattèrent mon général : « Vous ne ferez point de service, dit-il, que nous ne soyons arrivés aux environs de Smolensk. »

Witepsk est une grande ville, là je trouvai mes anciens camarades et mes bons chefs. Nous