Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/352

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serrais ses flancs ! La route disparaissait derrière moi, j’eus le bonheur d’atteindre une ferme avant que mon cheval ne fît faux bond. Je me jette dans la cour ; je vois trois jeunes médecins, je mets pied à terre et cours à l’écurie : « Ce cheval de suite ! je vous laisse le mien. Lisez cet ordre. »

Je monte encore un bon cheval qui détalait bien, mais il m’en fallait encore au moins un pour arriver, et la nuit venait, je ne voyais plus devant moi. Par bonheur, je trouve quatre officiers bien montés, je recommence la même cérémonie : « Voyez si pouvez lire cet ordre de l’Empereur pour me faire remplacer mon cheval. » Un gros monsieur que je pris pour un général, dit à l’un d’eux : « Dessellez votre cheval, donnez-le à cet officier. Ses ordres pressent ; aidez-lui. »

Je fus sauvé ; j’arrive sur le champ de bataille. Me voici cherchant l’Empereur, le demandant. On me répond : « Nous ne savons pas. » Poursuivant ma course, je quitte la route et je vois quelques feux sur ma gauche. Je me trouve dans de petites broussailles ; j’avance, je passe près d’une batterie, on me crie : « Qui vive ! — Officier d’ordonnance. — Arrêtez ! Vous allez à l’ennemi. — Où est l’Empereur ? — Venez par ici, je vais vous mener près du poste. »

Arrivé près de l’officier, il dit : « Conduisez le à la tente de l’Empereur. — Je vous remercie. »