Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/376

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approche, que dis-tu ? — La vérité ! arrivé chez le maire, je lui donne mes dépêches, et un instant après, les cosaques sont arrivés, et le maire m’a caché dans son four. — Dans son four ! — Oui, Sire, et je n’étais pas à mon aise ; ils ont passé près de moi pour entrer dans le cabinet du maire, ils ont pris mes dépêches et se sont sauvés. — C’est curieux, mon vieux grognard, tu devais être pris. — Le brave maire m’a sauvé. — Je le verrai, ce Russe. »

Il conta mon aventure à ses généraux et dit : « Marquez-le pour huit jours de repos et ses frais doubles. » Je rejoins le général Monthyon, je retrouve mes chevaux et mon sucre ; j’étais mort de besoin. Le soir, arrivé à une lieue de l’endroit où mes dépêches avaient été prises par les cosaques, il fit appeler le maire et eut une conférence avec lui. Ce maire le conduisit à une lieue de son village, et je lui donnai en passant près de lui une bonne poignée de main : « J’aime les Français, me dit-il. Adieu, brave officier ! » Je bénis encore cet homme qui me sauva la vie.

Le froid devenait toujours plus rigoureux ; les chevaux mouraient dans les bivacs, de faim et de froid ; tous les jours il en restait où l’on couchait. Les routes étaient comme des miroirs ; les chevaux tombaient sans pouvoir se relever. Nos soldats exténués n’avaient plus la force de porter leurs armes ; le canon de leur fusil pre-