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les cahiers

Comme j’étais fier de porter, avec ma recette du mois, 2,000 francs à M. More et à M. Labour !

Mais les espions étaient toujours à ma poursuite. À la fin de septembre 1822, à 10 heures du matin, un bel homme se présente chez moi, assez bien vêtu : redingote bleue, pantalon idem, beaux favoris noirs. Un coup de sabre lui prenait depuis l’oreille jusqu’à la bouche ; il avait tout à fait l’air d’un militaire. Je ne pus m’empêcher de le faire entrer dans ma petite chambre : « Donnez-vous la peine de vous asseoir, vous prendrez bien un verre de vin ? » Ma femme dit : « Si vous voulez, je vais vous donner un bouillon ? — Ce n’est pas de refus », dit-il.

Après s’être rafraîchi, il me fit voir une liste de tous les officiers qui restaient en ville : « Qui vous a donné cette liste ? — Je ne le connais pas. — Avez-vous trouvé quelque chose ? — Oh ! oui », me dit-il. — Je dis à ma femme : « Donne-lui 3 francs. — De suite, mon ami. »

Je lui demandai d’où il venait : « Je viens de la Grèce. » Et il tire de sa poche des papiers ; il me lit les noms des principaux chefs qui commandaient en Grèce : « Pourquoi avez-vous été là-bas ? Permettez-moi de vous faire cette question. — C’est mon commandant qui m’a emmené avec lui. — Et pourquoi êtes-vous revenu ? — C’est que j’ai vu empaler mon commandant ; cela m’a fait si peur que j’ai quitté