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de rire si fou, si bruyant, que le pauvre écolier se dressa et se roidit comme piqué par une couleuvre. Nous vîmes des larmes jaillir sur son visage.

— Pardon, pardon, lui dit Nérine avec mansuétude ; mais il y a quelque chose de discordant en vous qui fait que ce que vous dites ne paraît pas toujours l’expression juste de ce que vous ressentez, et…

— Oui, mon visage grimace sans cesse, interrompit-il, et parler d’amour quand on est hideux c’est risible !

— Rien n’est risible de ce qui vient du cœur, reprit-elle ; j’ai eu tort et je réponds maintenant sérieusement à votre question : Façonnez-vous, rejetez la dernière gourme d’une éducation malsaine, et vous trouverez un jour quelqu’intelligente jeune fille, pas trop belle, mais attrayante, à laquelle vous pourrez lier votre vie. Je vous aiderai dans la recherche de ce bel et pur amour, je vous estime d’en avoir l’aspiration et vous offre dès ce soir mon amitié.

Il se leva, me salua froidement, jeta à Nérine un regard désespéré et se disposa à sortir.

— Halte-là, dit Nérine, et trêve de sentiments ; vous ne partirez pas sans prendre une tasse de thé et sans nous dire ce que c’est que cette belle cousine que vous attendiez ce soir.

— Cette cousine est la femme de mon cousin,