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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/157

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chante en grand artiste, et le troisième pastellise, adroit, en les écoutant.

— Si j’étais femme, conclut Maugis, je voudrais les épouser tous les trois !

— Comment s’appellent-ils ?

— Vous les entendrez presque toujours nommer ensemble : Baville, Bréda, et della Sugès.

Mon oncle échange des bonjours en passant avec le trio, qu’on regarde avec plaisir. Un Valois égaré parmi nous, mince et racé comme un lévrier héraldique, c’est Baville ; un beau garçon sain, avec des yeux bleus cernés et une délicieuse bouche féminine, Bréda, le ténor ; ce grand nonchalant de della Sugès, qui garde un peu d’Orient dans le teint mat et le nez à vive arête, regarde passer les gens, sérieux comme un enfant sage.

— Vous qui êtes un spécialiste, Maugis, désignez un peu à Claudine quelques échantillons notoires…

— … du Tout-Paris (prononcez « Tout-Pourri »), fait’ment. C’est un joli spectacle à faire voir à une enfant. Tenez, jeune backfisch, voici d’abord… à tout seigneur tout honneur…