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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/296

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elle. Elle ne peut rien ; elle ne veut rien non plus. La cheminée dont je redoutais l’écroulement, elle est tombée à grand fracas, et la poussière de sa chute fait un halo d’or autour des poires électriques. Assiste, Claudine sage, et ne remue pas ! La Claudine folle suit sa voie, avec l’infaillibilité des fous et des aveugles…

Claudine regarde Renaud ; elle bat des cils, éblouie. Résigné, entraîné, aspiré dans le sillage, il se tait, et la regarde avec plus de chagrin encore, on dirait, que de plaisir. Elle éclate :

— Oh, que je suis bien ! Oh, vous qui ne vouliez pas venir ! Ah ! ah ! quand je veux… N’est-ce pas, on ne s’en ira plus jamais d’ici ? Si vous saviez… je vous ai obéi, l’autre jour, moi, Claudine, — je n’ai jamais obéi qu’exprès, avant vous… mais obéir, malgré soi, pendant qu’on a mal et bon dans les genoux ! — oh ! c’est donc ça que Luce aimait tant être battue, vous savez, Luce ? Je l’ai tant battue, sans savoir qu’elle avait raison ; elle se roulait la tête sur le bord de la fenêtre, là où le bois est usé parce que, pendant les récréations, on y fend des cornuelles… Vous