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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/56

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pas de me regarder. Je n’en reviens pas d’entendre quelqu’un appeler papa par son petit nom. Et elle dit vous à son frère :

— Mais, Claude, cette enfant — charmante et d’un type tout à fait personnel d’ailleurs — n’est pas encore bien remise ; vous avez dû la soigner à votre façon, la pauvrette ! Que vous n’ayez pas eu l’idée de m’appeler, voilà ce que je n’arrive pas à comprendre. Toujours le même !…

Papa supporte mal les objections de sa sœur, lui qui se cabre si rarement. Ils ne doivent pas souvent être du même avis et se grafignent tout de suite. Je m’intéresse.

— Wilhelmine, j’ai soigné MA fille comme je le devais. J’avais des soucis en tête, pour le reste, et je ne peux pas penser à tout.

— Et cette idée de loger rue Jacob ! Mon ami, les quartiers neufs sont plus sains, plus aérés et mieux construits, sans coûter davantage, je ne comprends pas… Tenez, au 145 bis, à dix pas d’ici, il y a un appartement délicieux, et nous serions toujours les uns chez les autres, cela distrairait Claudine, et vous-même…

(Papa bondit.)