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Page:Colette - Dans la foule, 1918.djvu/105

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du mouvement, de l’effort, du voyage, et je me retourne avidement pour voir Paris venir à nous !…

Alors je cède brusquement à une allégresse totale, qui s’exprime en oh ! d’étonnement, en ah ! extasiés ; allégresse assez incompréhensible en somme : le fait de voguer à deux cents mètres au-dessus de Paris suffit-elle à l’expliquer ?… Allégresse cependant, joie sans ombre, sans âge, joie stupide de se pencher très fort sur la balustrade, pour constater avec éclat qu’il n’y a « rien qui nous tient en-dessous » ! Joie différente de celle que j’ai goûtée lors d’un court trajet sur biplan, car le départ actif, bruyant, intelligent, l’élan de l’aéroplane bannissent le trouble dont je sors, l’inquiétude où j’ai pu douter un moment si je rêvais ou si, miraculeusement, je m’élevais vers le soleil comme une bulle…

Paris se déroule sous nous. On l’a photographié si souvent, du haut du ciel, que je le recon-