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Page:Colette - Dans la foule, 1918.djvu/130

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tique et si proche maintenant que je distingue le grain des joues rasées, les raies fines qui divisent les cheveux lisses, et l’étoile de sang frais qui décore l’un des champions — le blond, le plus jeune — au front, entre les yeux, juste à la place où la Belle Ferronnière attachait une pierre précieuse. Ce joyau rouge ne dépare pas la jeune figure du boxeur, encore intacte, car le match vient de commencer ; la bouche fraîche et fermée, qui discipline son souffle, ne porte point de meurtrissure, non plus que la face prudente, courte, un peu doguine, du champion américain.

Je ne m’applique pas à compter les coups qu’ils échangent. Cette chorégraphie redoutable, qui les lance d’une corde à l’autre, je laisse un aréopage l’évaluer en points et en chiffres. Ma place est dans cette foule passionnée, assez ignorante pour retentir d’un « oh ! » angoissé à chaque claque, bruyante et inoffensive, du gant contre