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Page:Colette - Dans la foule, 1918.djvu/148

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morts » tel que l’entend cette brave dame, debout dans son petit enclos et piétinant d’un talon autoritaire une, deux, trois, quatre dalles couchées, gravées de noms et de dates ? Elle passe bonnement sa « bête » en fourrure au col d’une urne, et elle gratte la mousse, balaye, pince un surgeon tardif de rosiers, marmonne tout bas et claque de la langue : « Tt… Tt… ah ! ces domestiques… » Puis elle reprend sa « bête », ses gants, assure l’équilibre de son chapeau en se mirant dans le médaillon bombé d’une couronne de perles et s’en va, après un regard de scandale vers le lierre, l’épine et la ronce rougie qui étreignent, amoureux et libres, une verte tombe abandonnée…